Publié le 19 octobre 2018
Sylvain Maillard en piste pour la présidence de LaREM – Interview
Il sera probablement candidat à la présidence du parti. Même s’il attend encore quelques jours avant de lancer officiellement sa candidature, Sylvain Maillard, député LREM de Paris, détaille les grandes idées d’un futur programme électoral, dans l’interview qu’il nous a accordée. Ce chef d’entreprise, qui a milité chez les centristes (UDF, Nouveau Centre puis UDI), propose un véritable big bang d’un parti très affaibli, qui affiche 400 000 membres en partie virtuels (l’adhésion est gratuite), mais pâtit d’une insuffisance de cadres et de figures politiques. Ce spécialiste de la formation professionnelle veut un mouvement moins vertical et moins verrouillé, en permettant aux adhérents d’élire leurs représentants locaux. Une règle démocratique basique, qui n’existe pas dans le parti présidentiel…
Nommé au ministère de l’Intérieur, Christophe Castaner a quitté la présidence de LREM. Dans quel état se trouve ce parti fondé par Emmanuel Macron ?
C’est toujours une incroyable aventure. LREM reste le premier mouvement politique de France, avec plus de 400 000 adhérents, soit plus que l’ensemble des autres partis politiques réunis. Mais presque 18 mois après l’élection d’Emmanuel Macron, ce mouvement doit être transformé. Il a été construit de façon assez verticale. Les adhérents ont eu souvent le sentiment que les informations allaient de haut en bas. LREM doit devenir plus agile et donner aux comités locaux et départementaux plus d’autonomie.
Le parti a multiplié les » projets citoyens « , en allant sur le terrain des associations. Faut-il poursuivre dans cette voie ?
Le mouvement doit faire plus de politique : expliquer l’action du gouvernement, faire le service après-vente des réformes, en détaillant ce que cela change dans la vie des citoyens. je souhaite que nos adhérents deviennent les ambassadeurs du projet présidentiel que nous mettons en œuvre. Pour cela, ils doivent être beaucoup mieux formés pour faire la pédagogie des réformes du gouvernement. Il va falloir aussi mieux structurer le siège parisien du mouvement et monter en compétences dans le recrutement des cadres.
Christophe Castaner avait reçu une fin de non-recevoir du président après avoir voulu ouvrir une réflexion sur la fiscalité de l’héritage. Quelle autonomie doit avoir le parti par rapport au président ?
Il faut que le parti majoritaire soit loyal, dans la ligne de l’exécutif. Mais il doit aussi être un aiguillon pour le gouvernement, en faisant émerger de nouvelles idées. Plus le temps passe, plus on s’éloigne du projet présidentiel porté pendant la campagne. Il faut déjà préparer un nouveau projet. Pour cela, le laboratoire d’idées, créé au sein du mouvement, doit passer à la vitesse supérieure. En faisant remonter des idées de nos adhérents et en recrutant des pointures, des intellectuels qui doivent nous permettre de bâtir ce futur projet.
Lors du vote des statuts, à l’été 2017, de nombreux adhérents avaient dénoncé l’absence de démocratie au sein d’En Marche ! Partagez-vous ces critiques ?
Après l’élection d’Emmanuel Macron, nous avions besoin d’un mouvement en soutien du Président. Il est temps de passer à une nouvelle phase, en permettant à nos adhérents d’élire leurs représentants locaux. Nous avons eu peur de cette élection à cause du risque d’entrisme de partis concurrents. Nous sommes aujourd’hui arrivés à l’âge de maturité. Dans les 400 000 adhérents, nous en avons identifié 50 à 55 000 très actifs sur le terrain. Quel sera le corps électoral de LREM ? Il faut en débattre. Mais il ne faut plus avoir peur du vote démocratique. Cela nous donnera un second souffle.
Serez-vous candidat à la succession de Christophe Castaner, à la présidence de LREM ?
Je ne m’interdis rien. Je veux que ces idées visant à structurer notre mouvement soient portées. C’est le plus important. Si aucun candidat ne les porte, je prendrai mes responsabilités.
https://www.challenges.fr/politique/pour-le-depute-maillard-lrem-n-est-pas-assez-democratique_620438