Publié le 18 avril 2018
Formation professionnelle : une réforme pour connecter l’offre et la demande en matière d’emploi
Un diagnostic éloquent…
Pour certains observateurs dont je fais partie en tant que chef d’entreprise, il n’y a pas réellement un lieu de rencontre entre l’offre et la demande régulé par les prix entre des prestataires et des utilisateurs. Aujourd’hui, la labellisation doit se structurer car elle est hétérogène et nécessite un pilotage national voir européen.
En effet, les ressources des Organismes Paritaires Collecteurs Agrées (OPCA – dont la moitié proviennent des 14 milliards d’euros financés par les entreprises) ne correspondent pas systématiquement aux besoins des individus et des entreprises de sorte que des pénuries sont possibles.
Le système reste complexe pour ses utilisateurs : aujourd’hui, c’est le « parcours du combattant » pour trouver une formation, l’accès au compte personnel de formation reste inaccessible pour les personnes éloignées ou non de l’emploi.
Par ailleurs, il faut rappeler que 7 mois s’écoulent entre la perte d’un emploi et l’entrée en formation, laquelle profite trois fois plus aux cadres des grandes entreprises privées qu’aux chômeurs et aux ouvriers. Aussi, il existe un déficit d’information sur la qualité des prestations délivrées par les organismes.
De plus, demain, nous allons être confronté au « tsunami numérique », 60 % des emplois créés en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui… De surcroît, il existe une réelle inadéquation entre l’offre et la demande de formation avec des métiers en tension.
Quels sont ces métiers en tension ?
Selon l’enquête Besoins en main-d’œuvre (BMO) réalisée par Pôle emploi et le Crédoc, près de 37,5 % des recrutements sont jugés difficiles par les employeurs. Même si la situation du marché du travail s’améliore en France, le taux de chômage reste cependant élevé avec un taux de 8.9 % le mois dernier et pourtant les chefs d’entreprise ont du mal à recruter dans les secteurs du bâtiment (61,3 %), de l’industrie (40,6 %) et des services (33,1 %).
Néanmoins, la France compte 1,3 millions de jeunes entre 15 et 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni à l’école, ni en formation (NEET) avec un taux de chômage chez les jeunes de moins de 25 ans deux plus élevé qu’en Allemagne.
Demain, nos formations seront plus « agiles, accessibles, équitables et efficaces »
Les référentiels de certification seront co-construit entre les branches professionnelles et l’éducation nationale afin de redonner de l’agilité à l’offre de formation.
La monétarisation du compte personnel de formation (CFP) favorisera une véritable désintermédiation du système, en permettant l’utilisation directe des droits auprès des prestataires, notamment grâce à la création d’une application mobile. Désormais, chaque candidat aura accès directement aux informations sur l’ensemble des formations, le taux d’employabilité, les salaires prévisionnels, etc.
Les usagers seront également mieux accompagnés. Une agence nationale France Compétences va être créée pour réguler la qualité des formations et leur coût. Les actifs pourront également solliciter le conseil en évolution professionnelle (CEP) de leur région gratuitement afin de permettre de mieux répondre à leurs attentes.
Le système sera aussi simplifié pour les entreprises : Elles n’auront plus qu’une seule cotisation à verser directement auprès de l’URSSAF. Les OPCA, remplacés par des « Opérateurs de compétences », verront leurs missions recentrées vers le conseil et l’accompagnement des entreprises dans l’élaboration de leurs plans de formation.
Demain, 15 milliards d’euros seront consacrés dans un grand plan d’investissement dans les compétences (PIC) pour les personnes les plus éloignées de l’emploi : les chômeurs et les jeunes. La compétence reste, en effet, l’une des armes les plus puissantes pour lutter contre le chômage structurel.
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