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Tribune sur la formation professionnelle

La formation continue, seule façon de gagner la bataille contre le chômage

Pour gagner la bataille de l’emploi, le seul moyen est d’investir massivement sur la formation, sur nos capacités à évoluer, à nous adapter.

En 2022 Emmanuel Macron et notre majorité seront jugés à l’aune d’un seul critère: aurons-nous réussi à créer de l’emploi et à faire reculer le chômage en France? L’effort de toutes les politiques du gouvernement d’Edouard Philippe tend vers cet objectif de gagner la bataille de l’emploi: tous les moyens seront bons. Dans ce combat, il faut abandonner tout dogmatisme et ne nous fier qu’au seul critère de l’efficacité.

Etre efficace, c’est d’abord regarder l’économie telle qu’elle est, et telle qu’elle se transforme. Le numérique et l’intelligence artificielle sont en train de prendre une part croissante à une vitesse exponentielle dans notre économie. Il s’agit là de mutations et de transformations, que nous pouvons regretter, mais que nous n’arrêterons pas. Elles portent en elles une part d’inconnue, une part de peur, une part de nostalgie. Et en même temps nous avons devant nous des empires à inventer avec de nouvelles manières de communiquer, d’échanger, de partager, de distribuer, de participer…

Pour être efficaces dans la bataille de l’emploi, nous devons nous projeter dans l’économie de demain. Nous savons que nombre de métiers d’aujourd’hui n’existeront plus. Il faut avoir le courage de l’affirmer: des pans entiers de secteurs d’emplois sont voués à disparaître. Il s’agit de catastrophes industrielles à grande échelle, qui ne peuvent être nécessairement anticipées.

Jusqu’alors, l’Etat, dans une logique colbertiste a souvent uniquement cherché à sauver des secteurs d’activité dont nous savons pourtant parfaitement qu’ils sont amenés à disparaître à moyen ou long terme. Nous devons changer de logiciel.

La vraie protection des Français dans la bataille mondiale de la compétitivité et de l’emploi ne repose plus dans des logiques défensives protectionnistes, mais dans nos capacités à être offensifs, à innover, à inventer, à utiliser les nouvelles possibilités infinies du web et de l’intelligence artificielle. Là où des métiers et des domaines entiers d’activités auront disparu, nous devons être en capacité de rebondir et de créer les emplois de demain. Aussi, comme le souligne Muriel Pénicaud: « 60% des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui ».

Cette bataille-là est celle de l’Education et de la Formation tout au long de la vie.

Les carrières ne sont plus linéaires. Nous devons développer nos savoir-faire et nos savoir-être. Les accidents de parcours seront plus nombreux, il faut armer les salariés pour leur permettre de faire de ces contraintes de nouvelles opportunités. Après une formation initiale, le droit à une formation professionnelle continue doit être davantage reconnu. Il s’agit là de l’une des promesses fortes de campagne d’Emmanuel Macron.

Comme chef d’une entreprise également implantée en Allemagne, je vois la révolution culturelle à réaliser en France. La reconnaissance de la formation professionnelle, c’est aussi des systèmes de tutorat au sein de l’entreprise, qui imposent des formations aux encadrants. On ne s’impose pas « formateur ». Les salariés avec des formations mieux reconnues et plus qualifiantes sont d’autant plus précieux au sein de leur entreprise.

Aujourd’hui, la formation professionnelle représente un investissement de 32 milliards d’euros par an pour des résultats qui ne sont pas à la hauteur de ces sommes, avec un accès à la formation très inégal et un fonctionnement souvent inefficace car trop complexe. Aux vues des sommes investies, le résultat en terme de formation pour les salariés et les demandeurs d’emplois est indigent. Si nous voulons injecter 15 milliards d’euros supplémentaires vers les jeunes et les chômeurs de longue durée, comme promis durant la campagne, il ne saurait être question de le faire avec le fonctionnement actuel.

C’est pourquoi la réforme est urgente. Avec les ordonnances sur le code du travail et leur ratification prochaine par le Parlement, le gouvernement a posé le premier acte d’un écosystème favorable à l’emploi. Le gouvernement met dorénavant sur le chantier une réforme copernicienne de la formation professionnelle. L’objectif doit être une simplification absolue du système avec une désintermédiation : à partir du Compte Personnel de Formation (CPF), nous voulons un système d’accès totalement lisible pour l’utilisateur et transparent dans son financement.

Pour gagner la bataille de l’emploi, le seul moyen est d’investir massivement sur la formation, sur nos capacités à évoluer, à nous adapter, à inventer et à créer les métiers, les entreprises, c’est-à-dire les emplois de demain.

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